La SCEA des Magnolias, une exploitation agricole laitière familiale, est située dans le village de Wamin, dans le département du Pas-de-Calais, à environ 30 kilomètres à l’est du Touquet. Elle est dirigée par cinq associés : Patrick Josse, Jérémy Thuilliez, Philippe et Marie-Agnès Lejosne, ainsi que leur fils Fernand. Deux autres fils Lejosne, Edouard et Justin, travaillent également comme salariés de la SCEA. En 2019, afin de consolider et sécuriser les installations de Jérémy et Fernand, la société a choisi d’investir dans une unité de micro-méthanisation, tout en augmentant ses capacités laitières. Cet investissement répondait également à deux autres enjeux majeurs : valoriser au mieux le lisier, dans une zone classée vulnérable au regard de la Directive Nitrate, et contribuer à l’amélioration du bilan carbone de leur client, la laiterie Danone située à Bailleul dans le département du Nord.
L’exploitation et ses effluents
La surface agricole utile de l’exploitation atteint aujourd’hui 280 hectares. Cette superficie est répartie selon un assolement moyen comprenant 115 hectares de blé, 70 hectares de maïs ensilage, 50 hectares de prairie, 15 hectares de lin fibre, 10 hectares de colza et 10 hectares de betterave fourragère. Il est à noter que le labour est évité au maximum, privilégiant le semis direct sur champ déchaumé.
La production animale est divisée en deux secteurs principaux : d’une part, une production laitière basée sur un troupeau de 170 vaches laitières Prim’Holstein qui produisent 1,5 million de litres de lait par an, pour un total de 430 animaux, incluant 120 taurillons à l’engraissement; d’autre part, une production de viande constituée de 20 vaches Blondes d’Aquitaine allaitantes, totalisant 60 animaux avec leur progéniture.
L’activité génère annuellement 1250 tonnes de fumier et 3750 mètres cubes de lisier. Le fumier est traditionnellement épandu et provient des bâtiments hébergeant les génisses et les taurillons; il est complété par 800 tonnes de fientes provenant d’une exploitation voisine. Quant au lisier, il est issu du raclage des logettes et des couloirs de l’étable des vaches laitières.
L’unité de méthanisation
La méthanisation se réalise ici en voie liquide, avec un temps de séjour moyen de 34 jours à une température de 40°C. L’unité, mise en service en octobre 2020, comprend un digesteur en acier inoxydable isolé d’une capacité utile de 400 m³, équipé d’un agitateur à hélice, ainsi qu’un local technique de 15 m² de type conteneur qui abrite l’ensemble des équipements électriques et l’installation de cogénération.
Le digesteur est alimenté exclusivement de lisier, stocké préalablement dans une pré-fosse de 60 m³ située en bout d’étable, équipée d’une pompe de 15 kW. Le transfert du lisier vers le digesteur se fait à hauteur de 12 m³ par jour grâce à un réseau de 100 mètres. La production de biogaz atteint en moyenne 263 Nm³ par jour, soit environ 96 000 Nm³ par an. La qualité du biogaz est régulée par l’ajout d’oxyde de fer dans la pré-fosse et des filtres à charbon actif avant les moteurs.
Le biogaz produit est utilisé pour la cogénération d’électricité et de chaleur. Deux moteurs de cogénération, avec leurs alternateurs, transforment le biogaz en 22 kW d’électricité chacun et produisent également de la chaleur. Cette dernière est partiellement utilisée pour chauffer le digesteur, deux habitations et pour la production d’eau chaude sanitaire nécessaire au nettoyage des équipements de traite et de stockage du lait.
La production annuelle de digestat est de 3555 m³, stockée intégralement dans une cuve de même capacité. Le digestat est épandu sur 275 hectares des terres de la SCEA à l’aide d’une tonne de 16 m³ équipée d’une rampe à pendillards de 15 m, acquis en commun avec une exploitation voisine. La valeur agronomique du digestat est estimée à 4 kg d’azote, 1,7 kg de phosphore et 5,2 kg de potassium par tonne.
L’investissement total pour la partie méthanisation s’élève à 300 000 € hors taxes, sans nécessité de renforcement de la ligne électrique. Les recettes annuelles générées par la vente d’électricité, actuellement de 22,5 centimes d’euro par kWh et sécurisées sur 20 ans, représentent 8 % du chiffre d’affaires de la société.
L’installation a été vendue par la coopérative locale Unéal, qui s’est investie dans le développement de la micro-méthanisation (< 55 kWé) dès 2015, en collaboration avec le constructeur belge Biolectric, ciblant les exploitations d’au moins 100 vaches laitières. Ce type de micro-méthanisation, simple, de taille humaine et basé à 100 % sur le lisier bovin, répond particulièrement aux besoins de la polyculture élevage des Hauts-de-France, permettant aux éleveurs de renforcer leur exploitation grâce à un investissement modéré et une emprise au sol réduite d’environ 500 m².
L’un des principaux avantages de cette installation, entièrement dédiée au lisier, réside dans l’automatisation du chargement du digesteur. Le temps de travail se limite ainsi à une vérification quotidienne de 15 à 20 minutes et à une maintenance plus conséquente d’une heure toutes les trois semaines pour la vidange d’un moteur et le remplacement du charbon de son filtre. Les opérations de maintenance plus lourdes, les analyses de gaz et le suivi biologique sont assurés par la société Agripower France, qui dispose d’un technicien résident dans la région.