Pour Steven Van Parys, l’élevage laitier consiste à maximiser la production de lait tout en optimisant la gestion du temps. Pour y parvenir, il a misé sur une automatisation poussée : robots de traite, raclage automatique, distribution de litière automatisée et un système d’alimentation innovant.
Steven et Fien Van Parys ont repris la ferme familiale en 2018, située à Machelen, au sud-ouest de Gand, en Flandre, Belgique. Ensemble, ils ont doublé la taille du troupeau et se sont spécialisés dans la production laitière.
Les chiffres clés de la ferme Van Parys
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- Main-d’œuvre : 2 UTH (Steven et Fien)
- Surface agricole utile : 100 hectares
- 30 ha de maïs ensilage
- 30 ha de cultures dérobées
- 18 ha de prairies permanentes
- 15 ha de prairies de fauche
- 5 ha de pommes de terre
- 2 ha de choux-fleurs (pour l’industrie)
- Cheptel : 360 UGB (240 vaches laitières et 120 génisses, race Prim’Holstein)
- Production laitière (2022) : 1,35 million de litres (11 500 kg de lait par vache/an)
- Taux butyreux : 3,9 %
- Taux protéique : 3,5 %
- Autres activités :
- Un atelier porcin
- Une unité de méthanisation (22 kW) couvrant 95 % des besoins électriques de la ferme
Une exploitation typique des flandres
L’agriculture en Belgique diffère grandement entre la Flandre et la Wallonie. En Flandre, les exploitations sont souvent intensives, avec de petites surfaces mais une forte productivité :
Indicateur | Flandre | Wallonie |
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Taille moyenne des fermes (ha) | 26,9 | 58,2 |
Vaches laitières/100 ha | 54,4 | 25,2 |
Bovins allaitants/100 ha | 23,3 | 30,9 |
En raison de la densité des troupeaux, la production laitière flamande a augmenté de 30 % en dix ans, tandis que celle de la Wallonie reste stable. La ferme Van Parys génère environ 550 €/1 000 litres de lait, un exemple d’efficacité.
Avec un prix des terres atteignant 100 000 €/ha, l’agrandissement foncier est difficile. Les agriculteurs flamands comptent donc sur des collaborations, comme des échanges effluents/forrage, pour alléger la pression azotée liée à la forte densité animale.
Se concentrer sur les vaches en gagnant du temps
Après une première expansion en 2018, Steven et Fien ont récemment achevé la construction d’une deuxième stabulation, portant à 240 le nombre de vaches traites. Ce troupeau supplémentaire a été acheté en Allemagne. Les tâches quotidiennes sont assurées par le couple, avec le recours à des saisonniers en période de forte activité.
« Pour tout gérer, nous avons choisi d’automatiser au maximum les tâches répétitives et chronophages. Cela nous permet de nous concentrer sur ce qui compte le plus : les vaches », explique Steven. Les données collectées par les automates sont essentielles pour la gestion du troupeau.
Gestion du troupeau et génétique
- Vêlages répartis sur l’année
- Intervalle vêlage-vêlage : 402 jours
- Âge au premier vêlage : 25 mois
- Âge moyen des vaches : 4,6 ans
- Taux de renouvellement : 15 %
Une nouvelle nurserie a été construite pour améliorer l’élevage des veaux. L’atelier génisses est externalisé : les génisses partent à 5 mois dans une ferme spécialisée et reviennent à 22-23 mois pour vêler à 25 mois.
L’automatisation au cœur de la ferme
Robots de traite
Les deux stabulations sont équipées de deux robots GEA. Un circuit de circulation forcée, avec barrières anti-retour, permet aux vaches de rester debout environ une heure après la traite, réduisant ainsi les mammites et autres inflammations.
Gestion des déjections et de la litière
En Flandre, les caillebotis sont interdits pour limiter les émissions d’ammoniac. Les sols pleins des étables sont raclés automatiquement plusieurs fois par jour, et le lisier est utilisé dans l’unité de méthanisation. La distribution de litière est automatisée, et bientôt, la fraction solide du digestat servira de paillage.
Système d’alimentation
Le système d’alimentation est l’innovation majeure de la ferme, conçu par Steven lui-même. Contrairement aux robots traditionnels, un tapis convoyeur suspendu distribue la ration.
Fonctionnement :
- Les ingrédients (maïs, herbe, pulpe, drêches, épis de maïs) sont stockés dans cinq containers, les concentrés dans des silos séparés.
- Ils sont acheminés vers un bol mélangeur fixe.
- La ration mélangée est transportée par le tapis vers les auges, accessibles des deux côtés.
Ce système, coûtant environ 80 000 €, a permis de réduire les dimensions des bâtiments en supprimant les couloirs de distribution. La ration est distribuée huit fois par jour, et les éleveurs peuvent adapter les mélanges par bâtiment. Le coût alimentaire est de 270 €/1 000 litres de lait.
Une ferme modernisée à 3 millions d’euros
Depuis 2018, Steven et Fien ont investi 3 millions d’euros dans leur élevage laitier, couvrant la construction des bâtiments, les équipements, l’automatisation et l’achat de nouvelles vaches. Ils espèrent rentabiliser ces investissements en 10 ans, bien que leur prêt bancaire s’étale sur 15 ans.
À terme, ils prévoient la construction de nouveaux silos pour l’ensilage de maïs et d’herbe. Chaque amélioration les rapproche de leur objectif : maximiser la production de lait tout en maintenant une exploitation efficace et durable.