Si les arrêtés tarifaires de 2006 et 2011 ont été revalorisés pour tenir compte des retours d’expérience des premières installations, le nouvel arrêté tarifaire prévoit un tarif garanti pendant 140 000 heures de fonctionnement. Le nombre d’années nécessaire pour arriver à l’échéance du contrat sera de 15 ans ou plus, selon le fonctionnement de la cogénération.
Encourager la micro-méthanisation à la ferme
En plus d’offrir un complément de revenu stable aux exploitations agricoles, la méthanisation produit un fertilisant organique de qualité, le digestat, et contribue à limiter les émissions de gaz à effet de serre issues des activités d’élevage. Pour ces raisons, un appel à projet « Micro-méthanisation en Bretagne » est lancé par les partenaires du Plan Biogaz. Il s’adresse à tout projet dont la puissance est inférieure à 60 kW, ce qui correspond à une production maximale de 30 Nm3/h. Bien que la micro-méthanisation de lisier bovin puisse être rentable sans subvention (voir encadré), ce dispositif constitue un encouragement supplémentaire pour la mise en place d’unités adaptées aux activités et à la taille des exploitations agricoles bretonnes.
Il y a « lisier et… lisier » !
Les effluents d’élevage sont, par nature, les résidus de l’alimentation animale. La méthanisation est cependant un processus microbiologique qui mène à la production de méthane à partir des protéines, des lipides et des sucres. Le pouvoir méthanogène, qui mesure la quantité de méthane produit par unité de matière organique sèche, est logiquement plus faible pour les effluents d’élevage que pour des matières graisseuses ou des cultures fourragères. Cependant, le lisier est local, disponible et mérite d’être mieux valorisé. Plusieurs études démontrent l’effet bénéfique d’utiliser un lisier frais pour maintenir son potentiel, notamment une teneur riche en méthane dans le biogaz. Selon le temps de stockage avant la méthanisation et la teneur en matière sèche du lisier, le pouvoir méthanogène peut varier significativement.
Témoignage : Gaec Guilbert, à Tracy Bocage dans le Calvados Entretien avec Carl Guilbert, qui a mis en place une unité de micro-méthanisation de 33 kW sur son exploitation en février dernier. L’exploitation compte 2 associés, 2 salariés et 135 vaches laitières.
Pouvez-vous décrire votre système de production ?
Nous pratiquons l’élevage laitier biologique sur une superficie de 230 hectares, dont 80 hectares sont consacrés aux cultures et 20 hectares au maïs ensilage pour notre troupeau. Notre production moyenne est de 6000 litres de lait par vache et par an. Une partie de la ration de nos vaches inclut du foin séché en grange.
Qu’est-ce qui vous a incité à investir dans une micro-méthanisation à la ferme ?
Nous voulions diversifier nos sources de revenus sans avoir à embaucher plus de personnel. Actuellement, la gestion quotidienne de l’unité ne nous prend pas plus de 20 minutes. De plus, la production d’eau chaude était un facteur motivant pour nous, notamment pour fournir de l’eau chaude au chauffe-eau de la salle de traite et pour le séchage en grange.
Quelles modifications avez-vous dû apporter à vos bâtiments et à la gestion de votre élevage ?
Nous avons tous nos animaux (125 vaches en lactation) dans des logettes sur matelas avec un couloir raclé. Auparavant, nous utilisions de la paille en long brins, mais nous sommes passés à la farine de paille, à raison de 750 g par jour par logette. Nous pourrions en utiliser moins, mais nous restons vigilants quant aux éventuels problèmes de jarrets. Nous avons également modifié une préfosse au bout de la stabulation pour permettre le pompage du lisier vers le digesteur.
Comment se passe l’entretien et la maintenance de l’installation ?
Nous effectuons nous-mêmes la vidange des deux moteurs et le changement des bougies toutes les deux semaines. Biolectric assure la télésurveillance de l’unité et intervient en cas de besoin dans le cadre de la garantie.
Les performances de l’installation sont-elles conformes aux prévisions après trois mois de fonctionnement ?
Le premier mois a été un peu plus difficile car il a fallu amener le digesteur à une température de 40 °C, mais Biolectric a été présent pendant plus de 10 jours pour nous aider. En hiver, l’installation fonctionne à pleine capacité, et actuellement, pendant la période de pâturage, seul le moteur de 22 kW est en fonction. Le second moteur est celui qui donne les meilleurs résultats.