L'unité de biométhanisation d'Aiseau-Presles utilise le lisier de vaches pour produire de l'électricité, de la chaleur et du digestat écologique.
Autonomie grâce au lisier et au fumier

« Branchez-vous, optez pour l’électricité », tel est le message affiché sur les portières de la voiture de l’agent de surveillance d’Aiseau-Presles, qui émet des contraventions pour comportements anti-écologiques. Ce sont principalement les vaches, plus que les chevaux, de la région qui alimentent la première voiture électrique de la commune. En effet, c’est sur ce territoire que se trouve la première unité de biométhanisation communale de Wallonie. L’idée a mis environ quinze ans à se concrétiser, mais la persévérance des politiciens locaux a finalement porté ses fruits. Depuis septembre 2014, tous les bâtiments municipaux bénéficient d’une autonomie complète en électricité, eau chaude et chauffage.

Un précieux résidu transformé en énergie

« Chaque année, nous produisons un total de 1.400 MWh d’électricité, ce qui correspond à la consommation de 400 foyers wallons typiques », explique Frédéric Deyonghe, conseiller en environnement pour la commune d’Aiseau-Presles. « Nous utilisons 15 % de cette énergie pour les bâtiments et les véhicules électriques communaux et un autre 15 % pour faire fonctionner l’unité de biométhanisation. Le reste est vendu et injecté dans le réseau électrique général. » L’unité est équipée d’un moteur à cogénération de 190 kW, qui génère également 1.800 MWh de chaleur annuellement. Environ 30 % de cette chaleur est utilisée par les bâtiments communaux et 15 % par l’unité elle-même. Le surplus de chaleur n’est actuellement pas utilisé, mais la commune envisage de mettre en place un système de trigénération pour convertir cette chaleur en froid, afin de climatiser les bâtiments pendant les mois d’été.

Quant aux vaches, elles jouent un rôle central dans ce schéma énergétique. Pâturant dans un rayon de 10 km, leurs lisiers et fumiers constituent la matière première du projet. Chaque année, 11.830 tonnes de ces déchets, ainsi que 600 tonnes de maïs, sont traités dans l’unité de biométhanisation. Dans le digesteur, privé d’oxygène, des bactéries anaérobies s’activent à transformer la matière organique en méthane (CH4). Ce biogaz est ensuite brûlé dans le moteur à cogénération pour produire de l’électricité et de la chaleur.

Mais l’électricité et la chaleur ne sont pas les seuls bénéfices. Le processus de biométhanisation produit également un résidu très précieux : le digestat. Ce produit est un amendement riche en nutriments qui enrichit les sols en carbone, réduisant ainsi l’érosion et le ruissellement. Il est également moins nocif pour l’environnement et les nappes phréatiques que le fumier brut et les engrais chimiques, ce qui en fait un produit très prisé par les agriculteurs. « En échange du lisier que nous fournissent une dizaine d’agriculteurs, ils reçoivent gratuitement une quantité équivalente de digestat, enrichissant autant leurs sols », ajoute Frédéric Deyonghe. Un autre avantage notable du digestat est son absence d’odeur, améliorant ainsi le confort de ceux qui l’épandent et des résidents des environs.

Ce projet innovant a coûté précisément 3.768.615 euros hors taxes. La Wallonie a contribué à hauteur de 50 %, tandis que l’Europe, par l’intermédiaire du Fonds européen de développement régional (Feder), a financé 40 % du projet. Les 10 % restants ont été à la charge de la commune d’Aiseau-Presles. Ce projet pionnier a suscité l’intérêt d’autres communes wallonnes qui envisagent de suivre cet exemple.

L’expert révèle : « L’investissement est perçu comme un poids »
Benoît Delaite est employé par le Réseau wallon de développement rural.

Il y a quinze ans, la Wallonie était à la pointe de la biométhanisation, mais aujourd’hui, elle compte moins d’unités que la Flandre. Quelle en est la raison ?

La Flandre a nettement devancé la Wallonie car les tarifs pour l’énergie verte y étaient plus avantageux. Cette différence a été rectifiée il y a environ un an, les politiciens wallons ayant choisi d’octroyer davantage de certificats verts. Cependant, démarrer un projet de biométhanisation est un processus long et les banques restent réticentes. De plus, les fermiers wallons, qui ont en moyenne entre 50 et 55 ans, se sentent souvent fatigués et sans successeur, ce qui rend l’investissement dans la biométhanisation peu attrayant.

Comment pourrait-on améliorer les politiques wallonnes dans ce domaine ?

Actuellement, les politiques wallonnes prévoient un retour sur investissement en sept ans pour les énergies renouvelables, sans distinction entre le photovoltaïque, l’éolien ou la biométhanisation. Il serait judicieux de reconnaître les spécificités de la biométhanisation. Par exemple, l’azote contenu dans le digestat est minéralisé, ce qui le rend moins soluble dans l’eau de pluie et moins nocif pour les nappes phréatiques que les engrais industriels, où l’azote est sous forme organique. De plus, la production de ces engrais nécessite la capture de l’azote atmosphérique et consomme beaucoup de pétrole, sans compter l’énergie utilisée pour leur transport jusqu’aux fermes. Le digestat, en revanche, permet de réduire l’utilisation d’engrais chimiques tout en augmentant l’autonomie des agriculteurs.

Quels fermiers sont attirés par la biométhanisation ?

Ce sont principalement ceux qui pratiquent déjà la diversification de leurs activités, comme la vente directe ou le tourisme rural, ce qui les rend plus résistants aux fluctuations du marché. En Flandre, certains abandonnent l’agriculture pour se consacrer exclusivement à la production d’électricité, en concluant des accords pour être approvisionnés uniquement en maïs, dont la capacité de production de méthane est six fois supérieure à celle du lisier. En Allemagne, cela a mené à une situation problématique : le maïs destiné à la biométhanisation n’est plus disponible pour l’alimentation animale, entraînant une augmentation des importations de viande de Pologne.

Témoignage : « Fonctionner en autonomie complète »

En 1999, Steven et Veerle Devos ont repris une ferme laitière à Framont, qui compte désormais 200 vaches laitières et 150 génisses. Ces animaux contribuent non seulement à la production de lait mais aussi à environ la moitié de l’électricité et de l’eau chaude consommées par l’exploitation. Leur lisier (2.800 m3 par an) est traité par la première unité de micro-méthanisation de Wallonie, installée en 2012 avec une capacité de 10 kW. Cette installation permet de diminuer de 110 tonnes les émissions annuelles de CO2 de la ferme.

« Nous utilisons exclusivement du lisier pour éviter la complexité réglementaire que nécessiterait l’usage de matières comme le maïs, et pour maintenir une culture bactérienne stable dans le digesteur », explique Veerle. « Notre objectif est l’autosuffisance énergétique de la ferme, et non la production d’électricité à grande échelle. » L’unité produit environ 60.000 kWh d’électricité et 1.350 litres d’eau chaude quotidiennement. Le digestat produit est ensuite utilisé comme amendement pour les sols et pâturages, fermant ainsi le cycle de production de manière écologique.

L’investissement initial s’élève à environ 100.000 €, augmenté par l’acquisition d’une cuve pour le stockage du digestat. Si la puissance de l’installation est inférieure à 10 kW, le fermier peut bénéficier de subventions variant de 20 à 40 %, selon son âge et la localisation de son exploitation. La Wallonie compte une dizaine d’unités similaires à celle de la ferme Devos.

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