Depuis six ans, Christian Le Foll, éleveur à Guiclan (Finistère), envisageait de diversifier ses activités en installant une unité de méthanisation sur son exploitation laitière, qui compte 150 vaches et s’étend sur 162 hectares de surface agricole utile (SAU). « J’ai découvert la micro-méthanisation en Belgique lors d’un voyage d’étude organisé par la Chambre d’agriculture », explique-t-il. Pour Christian, la méthanisation ne se limite pas à la production d’énergie ; c’est aussi un excellent moyen de transformer le lisier en digestat, un produit qu’il valorise ensuite sur ses pâtures. Le digestat est principalement épandu sur les pâtures à l’aide d’un système d’enfouisseurs, et le reste est utilisé pour le maïs. Un an après la mise en service de l’unité, l’éleveur a réduit sa consommation d’ammonitrate pour les cultures, passant de 15 à 11 tonnes par an. « Je prévois de diminuer encore l’utilisation d’engrais minéraux, mais je vais procéder graduellement pour ne pas affecter le rendement de mes cultures », précise-t-il.
Une installation de 22kW
Christian Le Foll a décidé d’installer une unité de méthanisation de 22 kW sur son exploitation. « Normalement, pour un troupeau de 100 vaches laitières, on recommande une puissance de 22 kW, 33 kW pour 150 vaches, et 44 kW pour un troupeau de 170 à 200 vaches. Le dimensionnement dépend de la quantité d’aliment disponible, du niveau de l’étable, et de si les animaux sont en pâturage ou non », explique Loïc Fougère, responsable commercial chez Agripower, l’entreprise qui a réalisé l’installation. Christian a sciemment choisi de sous-dimensionner son installation pour pouvoir maintenir un maximum de pâturage. « Je voulais continuer à privilégier l’herbe pour maîtriser mes coûts alimentaires, qui se situent autour de 80 € par 1 000 litres de lait », dit-il. Cette approche reflète son engagement envers une gestion durable et économiquement viable de son exploitation laitière.
Un retour sur investissement en 6 à 7 ans
Loïc Fougère évalue l’investissement pour une unité de micro-méthanisation de 22 kW à 190 000 euros. En ajoutant les coûts des travaux supplémentaires tels que la préfosse, le raccordement au réseau électrique et l’enrobé, le total atteint environ 230 000 euros. Face à des taux d’intérêt relativement bas, l’éleveur, Christian Le Foll, a choisi de financer l’installation sur 12 ans pour générer un revenu annuel dès le démarrage de l’unité. Selon le constructeur, le retour sur investissement est estimé entre 6 et 7 ans.
Christian a signé un contrat de rachat de l’électricité à 0,219 euros par kWh produit, valable pour 20 ans ou 140 000 heures de fonctionnement moteur. « En finançant sur 12 ans, je prévois de dégager environ 10 000 euros par an grâce à la micro-méthanisation. Le prix du lait n’étant pas suffisamment élevé, nous devons absolument explorer des voies de diversification pour nos élevages », explique Christian. Actuellement, 70 unités similaires sont opérationnelles dans le Grand Ouest, et selon le constructeur, 200 nouvelles installations sont en projet, témoignant de l’intérêt croissant pour cette technologie.
Un temps de séjour de 20 à 25 jours dans le digesteur
Le digesteur de Christian, d’une capacité de 300 m³, fonctionne à niveau constant, ce qui signifie que la quantité de matière entrante chaque jour doit être équivalente à celle qui en sort. Le lisier, qui doit être homogène et plutôt liquide pour assurer un bon fonctionnement du système, est préparé dans une fosse spécifique pour les eaux blanches et vertes. Dans cette fosse, la partie solide est séparée, et la partie liquide est transférée dans la pré-fosse à lisier pour désépaissir le lisier avant son incorporation dans le digesteur. Le temps de séjour du lisier dans le digesteur est de 20 à 25 jours pour un apport principalement composé de lisier. Ce temps peut augmenter si des matières comme la paille, des refus de maïs ou d’autres résidus sont ajoutés.
Incorporation quotidienne de 8 à 9 m³ de lisier
Le digesteur est alimenté automatiquement en lisier deux fois par jour. En hiver, lorsque les vaches sont en bâtiment, 4,5 m³ de lisier sont ajoutés le matin et la même quantité le soir. Le reste de l’année, l’ajout est de 4 m³ le matin et le soir. Christian estime le temps de travail quotidien à environ 10 minutes, principalement consacré à la surveillance, qui peut être effectuée à distance via un téléphone portable. Les deux moteurs doivent être vidangés toutes les six semaines, une opération qui prend une vingtaine de minutes. Cette gestion efficace et peu chronophage permet à Christian de maintenir une exploitation efficiente tout en intégrant cette technologie de méthanisation.