Biolectric, spécialiste belge en micro-méthanisation agricole, transforme les déchets animaux en énergie électrique, contribuant à la durabilité des exploitations.
La micro-méthanisation « est une des solutions à un développement éco-responsable » des élevages laitiers

Le Monde de l’Énergie ouvre ses colonnes à Sigrid Farvacque, senior country manager de Biolectric, start-up belge leader en Europe de la micro-méthanisation auprès de bovins, pour évoquer avec elle cette technologie.

Le Monde de l’Énergie —Quel est le principe de la micro-méthanisation en milieu agricole (production d’électricité destinée à être consommée, et non production de biogaz à injecter dans les réseaux ou pour alimenter les centrales au gaz) ?

Sigrid Farvacque —Nous développons un système en co-génération, un micro méthaniseur calibré en fonction de la taille du cheptel produisant de l’électricité et de la chaleur. Il s’agit d’un système en circuit court permettant un fonctionnement en totale indépendance du monde extérieur et pouvant fonctionner uniquement sur base des effluents d’élevage.

Système permettant :

  1. une indépendance énergétique des élevages (autoconsommation pour couvrir les besoins de l’exploitation et revente du surplus pour participer à la production d’électricité verte locale).
  2. une optimisation des effluents, le digestat est considéré comme un engrais amélioré permettant de réduire ses dépenses en engrais chimique
  3. une diminution drastique des émissions de méthane (CH4), en moyenne 82% du méthane provenant des lisiers sera capté dans le biogaz et transformé en électricité et donc un outil pro-actif par rapport à une législation à venir en matière de gestion des GHG (Greenhouse Gas).
  4. une diversification économique des exploitations agricoles participant à leur pérennisation.

Le Monde de l’Énergie —Où en est son développement au niveau français et européen ?

Sigrid Farvacque —Près de 350 installations Biolectric sont en fonctionnement en Europe dont 110 en France.

De nombreux projets sont en cours (trajet administratif de +/- 1 an), les pays où nous sommes le plus représentés sont la Belgique, les Pays-Bas, le France et la Pologne mais nous sommes également actifs en Grande Bretagne, en Suède, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Lituanie. Nous avons également récemment démarré le marché japonais et avons quelques installations aux Etats Unis et au Canada.

Le Monde de l’Énergie —Comment cette technologie peut réduire l’impact environnemental de l’élevage, et générer des compléments de revenus ?

Sigrid Farvacque —En achalandant les lisiers le plus frais possible vers le micro-méthaniseur, on évite l’évacuation du méthane dans l’air et le captons dans le digesteur pour ensuite le transformer en électricité grâce à des moteurs biogaz et des génératrices. Quand on sait que 20% des émissions de gaz à effet de serre dans les élevages laitiers proviennent des effluents d’élevage, l’installation d’un micro-méthaniseur est clairement une des solutions à un développement éco-responsable de ces structures.

Les revenus sont générés par :

  1. les économies en électricité ;
  2. la revente du surplus de l’électricité produite (contrat EDF : +/- 20 centimes le kW garantis sur 20 ans) ;
  3. les économies en énergie thermique ;
  4. les économies en amo-nitrates (grâce à l’épandage du digestat) ;
  5. la valorisation des crédits carbones.

Le Monde de l’Énergie —Votre micro-méthanisation est-elle adaptée à la fermentation de résidus agricoles, ou est-elle limitée aux déchets d’origine animale ? 

Sigrid Farvacque —De manière à minimiser le temps de travail des exploitants sur leur méthaniseur, nous avons misé sur une ergonomie et une automatisation maximale des machines. On parle en moyenne de quinze minutes de travail par jour (visite de contrôle journalières et vidanges des moteurs toutes les 5 semaines). Pour ce faire nous gérons les flux avec un système de pompage, les matières entrantes doivent donc être relativement liquides, c’est pourquoi nous répondons principalement aux attentes du marché laitier et porcin (sur lisier).

Le Monde de l’Énergie —Plus globalement, compte tenu de sa consommation énergétique plus élevée (le rendant plus dépendant des évolutions du prix  de l’énergie) et de ses importantes émissions de gaz à effet de serre, l’élevage est-il destiné à voir sa part se réduire dans l’équilibre agricole mondial, européen et français ?

Sigrid Farvacque —Avant d’envisager une réduction des cheptels comme le proposait la Cour des comptes récemment et donc toucher à notre indépendance alimentaire et notre patrimoine, de nombreuses autres solutions peuvent être mise en place afin de se rapprocher au plus près et au plus vite de l’objectif zéro émission.

En plus de traiter les effluents, qui est aujourd’hui une priorité, on peut travailler sur l’alimentation et les techniques d’élevage. Il est clairement indispensable de faire évoluer nos méthodes et pratiques d’élevage mais des solutions existent et une grande majorité d’éleveurs et de coopératives agricole sont aujourd’hui en train de mettre cela en place.

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